Fausse couche à 6 semaines

Nous sommes convaincues qu’il est nécessaire de briser la loi du silence entourant la maternité et déterminées à lever des tabous qui ne devraient pas en être. En témoignant, vous offrez un soutien et du réconfort à toutes les femmes traversant une épreuve similaire sans oser en parler. Merci pour elles, merci à vous.

 


 

Témoignage anonyme

« Après 2 ans de mariage, mon chéri et moi avons décidé d’essayer de mettre un bébé en route. Après 1 mois d’arrêt de pilule me voila déjà enceinte. Ce fut une réelle surprise car nous pensions tous les deux qu’il faudrait du temps avant de réussir. Tout a bien commencé. Nous étions si heureux que nous l’avons partagé à nos familles proches. Je savais qu’il fallait faire attention avec le risque de fausse couche mais bien sûr cela n’arrive qu’aux autres…

À 6 semaines, j’ai commencé à perdre du sang direction les urgences. On me dit que tout à l’air d’aller bien mais qu’il est préférable que je prenne une semaine d’arrêt et que je reste allongée. Un peu inquiète, je fais tout pour ne pas penser au pire et nous continuons à nous persuader que tout ira bien. Je vois ma gynécologue une semaine plus tard qui m’annonce qu’elle n’est pas sûre que le bébé évolue comme il faut et qu’il faudrait que j’attende une semaine de plus afin que le diagnostic soit plus clair. Cette semaine a été la plus longue de ma vie, entre l’angoisse de ne pas savoir si mon bébé était vivant et celle de me dire que si il l’était, je lui transmettais des angoisses intenables. Le rendez-vous arrive enfin et elle me dit qu’il faut que j’expulse ce qui reste. Je ne comprends pas de quoi on me parle ni de comment c’est possible.

J’ai vraiment eu le sentiment que tout s’effondrait et que tout d’un coup on ne parlait même plus d’un bébé mais de ce qu’il fallait faire pour me débarrasser de ce qu’il y avait dans mon ventre. Elle m’a prescrit un traitement à prendre à la maison. Je me suis sentie si seule malgré le soutien de mon chéri car je ne pouvais en parler à personne d’autre. Trois semaines plus tard, une prise de sang confirme que mon taux d’hormones n’est pas redescendu à la normale, on me prescrit donc un nouveau traitement à faire à la maison qui ne fonctionne toujours pas et trois semaines plus tard mon taux est toujours trop haut… Suite à ces deux traitements, la dernière solution est le curetage… Je pensais que je serais soulagée une fois passée cette dernière étape mais non, c’est comme si pendant tout ce temps, je m’étais accrochée à un espoir qui n’existait pas et que, cette fois-ci, il était vraiment parti.

J’ai eu le sentiment que mon bébé s’était accroché et qu’il ne voulait pas partir. Après le curetage, j’en ai enfin parlé à mes amis proches. Je ne comprends pas pourquoi on dit d’attendre trois mois avant d’en parler. C’est le silence et la solitude qui rendent encore plus insoutenables l’insoutenable.

Faire une fausse couche c’est vraiment vivre une perte et il faut faire un vrai deuil. Deuil que je n’imaginais pas avant de l’avoir vécu. Ce n’est pas parce qu’on ne connaît pas ce bébé qu’on ne l’aime pas déjà.

Mon mari a été incroyable durant toute cette période et je me suis rendue compte plus tard que sa blessure était sûrement aussi profonde que la mienne mais qu’il avait tenu bon pour moi. Je crois qu’on oublie souvent que c’est une épreuve pour eux aussi.

Aujourd’hui, je suis enceinte de 6 mois et tout se déroule bien. Les premiers mois ont été très durs pour nous deux et nous avons mis du temps avant de pouvoir profiter pleinement de cette nouvelle grossesse. Pour moi, c’est ma deuxième grossesse et bien que nous allons avoir notre premier enfant je n’oublie pas que nous en avons déjà un quelque part que nous ne connaîtrons jamais.

Je ne comprendrai jamais le silence autour des fausses couches et je pense que si on pouvait en parler plus librement on se sentirait moins honteuses et moins seules. On le vivrait aussi peut-être moins comme un échec. »


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