Infertilité : Arrêtez d’y penser et ça va marcher

Comme annoncé le mois dernier, voici un nouvel article signé Jacqueline Comte pour MotherStories sur le désir d’enfant. Découvrez l’ensemble de son travail sur son site Espace Fertile

Bonne lecture

Arrêtez d’y penser et ça va marcher.

Mon mari écoute tous les matins le journal de 6h à la radio RTS. Jeudi 18 août, il me dit de venir écouter le résumé d’un article traitant le sujet de l’infertilité dans l’Aargauer Zeitung. Selon cet article reprenant une étude menée à Londres, 1 couple sur 4 diagnostiqué infertile tomberait enceinte naturellement durant les 6 années suivant le diagnostic. 

J’entends alors les animateurs glousser en disant qu’il suffisait juste « d’abandonner dans la tête » pour tomber enceinte… Voilà leur résumé de l’écrit. Une fois de plus, on nourrissait le cliché comme quoi la majeure partie des couples soi-disant infertiles ne réussissaient pas à procréer parce qu’ils étaient trop focalisés sur le sujet. 

Cela m’hérisse le poil depuis longtemps et le moment était venu pour moi d’aller investiguer sur ce sujet. J’ai donc fait des appels à témoins sur plusieurs forums et j’ai téléchargé l’article de l’Aargauer Zeitung. Je voulais en savoir un peu plus sur ces fameux bébés-miracles. 

Parlons d’abord de l’article : il ne fait aucunement allusion au fait de devoir arrêter d’y penser pour réussir mais relève plutôt le constat suivant : 1 couple sur 4 diagnostiqué infertile ne le serait que partiellement. En effet, il va falloir revoir l’interprétation du spermogramme de l’homme car de nouvelles études démontreraient que la qualité de la semence varierait passablement plusieurs fois par jour. Jusqu’à présent on avait pour habitude de faire un seul spermogramme isolé ce qui pourrait être la raison des diagnostics erronés. Les chercheurs ont également constaté que même si un seul spermatozoïde fécondait généralement l’oeuf, ils avançaient en groupe pour arriver à leur but. 

Je trouve ça très intéressant et je suis contente d’avoir appris quelque chose de nouveau. Par contre, ils ne parlent pas de l’interprétation des valeurs de fertilité de la femme. Peut-être parce que le processus chez la femme est bien plus complexe ? 

Concernant mes appels à témoins, je ne peux pas vous amener une étude quantifiable mais voilà ce que j’ai pu récolter : 

Selon les témoignages, il semble que beaucoup de femmes peuvent plus facilement réaliser leur rêve d’une grossesse spontanée après avoir donné naissance à un premier bébé. Le corps paraît comme préprogrammé et il fait son travail tout seul, à la grande surprise des parents. En ce qui concerne le premier enfant cela s’avère moins facile mais néanmoins, certains de mes couples-témoins sont tombés enceintes naturellement après un diagnostic d’infertilité. Parfois pendant la pause entre deux FIV’s ou inséminations et d’autres fois, des mois voire des années après avoir arrêté tout traitement. 

Il n’y a pas de règles mais c’est indéniable, ces fameux « bébés-miracles » existent et je suis sûre que vous aussi, vous avez entendu parler de couples qui sont justement tombés enceintes quand ils avaient, selon eux, « arrêté d’y penser ». C’est peut-être vrai, mais je crois que c’est toujours plus enchanteur et facile de parler d’un « miracle » alors qu’il peut y avoir 1000 et 1 explications autres : un diagnostic mal posé et le couple était en réalité plus fertile qu’il pensait, le corps de la femme stimulé à l’extrême de manière à ce que des mois après, elle bénéficie toujours d’une hausse de fertilité, une phase stressante au travail terminée, un événement traumatisant digéré. De plus, je connais beaucoup de femmes qui disent ne plus y penser, alors qu’elles prennent tous les matins leur température ;-). 

Pour conclure, j’aimerais juste préciser ce qui me tient vraiment à coeur : Je ne suis pas d’accord avec le fait de réduire les soucis de fertilité à un problème dans la tête. C’est extrêmement blessant d’être résumé à un problème psychologique alors que le désir d’enfant est tellement plus complexe. Des conseils comme : « partez en vacances, n’y pensez plus, laissez-vous vivre »… n’aident pas. Au contraire, ils sont dénigrants et dévastateurs. 

Ce n’est pas parce que vous n’y pensez pas que vous allez tomber enceinte plus vite. Vous n’allez pas non plus minimiser vos chances si vous y pensez.

Enlevez-vous cette culpabilité. Essayez plutôt de changer la manière de voir votre désir d’enfant, en acceptant le cheminement qu’il est en train de prendre. Occupez-vous de votre corps, de votre esprit et de votre vie de manière globale. C’est la meilleure façon de vous détendre et d’être ouverte à la vie.

 

 

Jacqueline Comte
www.espacefertile.com