Infertilité : Cet enfant qui vous manque avant d’arriver

Il y a peu, je vous parlais de ma rencontre avec une femme incroyable, Jacqueline. Heureuse maman de deux enfants, son parcours pour les avoir a été long mais alors trèèèèès long. Elle souhaite, à son tour, aider et accompagner les couples dans cette aventure aussi belle qu’éprouvante qu’est le désir d’enfant.

MotherStories vous proposera chaque mois, et en exclusivité, un article écrit par Jacqueline Comte. Découvrez l’ensemble de son travail sur son site Espace Fertile. Bonne lecture.

Cet enfant qui vous manque avant d’arriver

« Quand un désir d’enfant naît, un enfant commence à exister. En tout cas dans nos pensées et dans notre coeur. Secrètement nous rêvons à la façon d’annoncer la grossesse à notre conjoint, à notre famille. Nous imaginons à quel point nous allons être heureuse de voir notre ventre s’arrondir, de le caresser et de sentir ce petit être bouger en nous. Il se peut même que nous flânons prématurément dans les rayons bébés, un sourire aux lèvres, à l’idée de notre heureux projet. 

Nous commençons à nous projeter en tant que maman. Nous nous imaginons avec ce petit bébé dans les bras, caressant ses cheveux, reniflant son cou. Les bébés sentent si bon… 

Pour beaucoup de femmes, ces rêveries deviennent heureusement vite réalité et c’est tant mieux ! Mais pour d’autres, le projet peine à aboutir. Au début, nous gardons le moral, nous nous sentons joyeuses à l’idée de devenir bientôt maman et nous nous disons que le mois prochain sera le bon. Mais plus le temps passe, plus la joie et l’excitation font place à la frustration, à la tristesse, voire au désespoir. 

Notre bébé nous manque terriblement et vu qu’avec chaque nouveau cycle, il se met à «revivre»  pour finalement «remourir»  avec les règles, nous nous trouvons face à un véritable sentiment de perte. Chaque tentative infructueuse nous amène à vivre les phases du deuil : le choc, le déni, la colère, le marchandage, la dépression et finalement l’acceptation que cette fois encore, ça n’a pas marché. Nous passons par là, une, deux, trois, dix, soixante fois. Comme un éternel recommencement, extrêmement douloureux et sans fin…

De plus, nous nous retrouvons très souvent seules avec ces sentiments, car ce n’est pas facile de faire comprendre à notre entourage qu’un enfant qui n’existe pas encore peut nous manquer. Et d’expliquer qu’à chaque tentative infructueuse nous avons le sentiment de l’avoir perdu, est carrément impossible. 

Ces émotions très fortes sont souvent accompagnées par un sentiment de honte. Nous essayons alors de cacher ce mélange de sentiments ce qui amène souvent à une profonde solitude voir à une grave dépression. 

C’est le jour où j’ai participé à une conférence organisée par Bloom and Boom et animée par Estelle Phelippeau Métrot, fondatrice de 1001fecondites, spécialiste de l’accompagnement préconceptionnel, que j’ai enfin compris que mes sentiments étaient «normaux» . Estelle projetait un schéma affichant toutes les émotions auxquelles on pouvait toucher pendant la phase du désir d’enfant… et je peux vous dire qu’il y en a beaucoup ! Pour ma part c’était une révélation et l’élément déclencheur qui m’a aidé à enfin pouvoir identifier et accepter mon désarroi. 

Le manque d’enfant est accompagné par une multitude d’émotions qui sont déjà très difficiles à gérer et à digérer. Alors ne culpabilisez plus de ressentir ce que vous ressentez. Essayez de les accepter le mieux que vous pouvez, de les vivre sans vous gêner et d’en parler sans avoir honte. Le fait de les partager, ne vous enlèvera pas leur poids, mais y mettra de la lumière pour que vous puissiez vous réconcilier avec eux. » 

 

 

Jacqueline Comte
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